7 jours en enfer ?
- Michel Picot
- 7 mars
- 4 min de lecture
On est quel jour ? #68 J + 7
Une semaine déjà.
Rêvez pas. Je ne reviendrai pas. Et pourtant...
Je prends un café pour vous raconter.
Qui l’eut cru ?
Ici, je dis souvent "bonjour" aux passants et j’attends toujours leur retour.
Ici on ne parle pas et je suis aussi très embêté car les mots « connard, batard, enculé » qui étaient devenus mes préférés ne se disent pas ici.
Mais je crains qu’ils prennent ces « amabilités » pour des insultes…
Qu’ils sont cons ces Parisiens.
Je vais me faire un autre café.
J’avais juste oublié que je suis Parisien depuis 30 ans ! Ça fait un bail et seulement 5 mois dans le midi m’ont permis de revenir à mes sources, mes origines en douleur, en douceur et de tout coeur.

7 jours déjà, une éternité dans mon monde à moi.
Je ne reconnais plus rien.
J’ai un mal fou à trouver mes (nouveaux) repères, mon nouveau rythme, mais peut-être avais-je été trop « gourmand » pour ma nouvelle vie ?
J’ai voulu plein de nouvelles choses, je retrouve que des anciennes habitudes flippantes.
Dehors, ils ont tous l’air triste, sont négatifs voire chiants, autour de moi.
C’est moi où les autres ?
Et puis tenez-vous bien, je viens de donner une formation en visio. Il y avait un seul élève au bout…
Qu’est-ce que je fous là ?
En plus je ne dis plus de gros mots, bordel.
Je vais prendre un café pour faire le point. Merde.
Et pendant ce temps là...
Le week-end dernier a été d’une morosité affreuse en Bourbonnie.
Personne n’a voulu manger, ni même sortir de son habitation.
La journée de ce dimanche de pluie a été la plus dure jamais connue.
Une messe laïque a même eu lieu dans la chapelle d’à coté avec une minute de silence. Pour qui ? Pour moi ? Mais fallait pas, je ne me suis pas fait faucher par la faucheuse, je suis juste arrivé… en enfer ?
Je prends un dernier café pour ne pas m’ÉNERVER en pensant à cette névrosée des droits à l’image.
Je suis sûr que la Cadre qui me déteste tant, doit se délecter en lisant cette chronique imprévue, sans gros mots, sans photos volées, sans dire du mal.
Merde, j’ai encore fait une émission de TV sans demander des autorisations. C’est bêta.
Vous me direz (enfin, JOR me dirait) «: tu t’en bats les couilles » maintenant. La réponse est Oui, mais, je ne peux plus mal parler et pourtant, j’ai déjà eu mon lot de cons au téléphone pour reprendre mes activités, et franchement, eux sont de vrais cons, pas comme ceux de Bourbonnie, qui finalement l’étaient, mais ne s’en rendaient pas compte.
Ce qu’il leur donnait, finalement, une certaine aura.
Je vais me faire un café, ma couille. tu en veux ?
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Depuis une semaine, j’ai eu le cul entre deux chaises, pour ne pas dire entre deux catégories de cons.
Mine de rien, là-bas, on avait mal, mais on riait. Aujourd’hui j’ai moins mal et on rit moins dans cette société du dehors.
Je prends un café, BORDEL, pour faire le point.
Je suis dépassé par le temps, j’ai trop de choses à faire, mais je ne fais rien d’efficace, putain de décalage horaire avec le midi.
En fait… tout est compliqué ici : pour une prise de sang en laboratoire : 1H30 (temps d’attente compris). En Bourbonnie : 3 mn.

Au labo, c’est un sketch : « merci de prendre votre ticket et attendre votre tour ». Sur place une rangée de patients proches de la fin viennent ici rechercher un dernier souffle. Sur cette rangée de patients patients, personne ne se parle.
Quand tout à coup M. Gout Sans sel (c’est son nom) dit en partant « au revoir »
Sur la petite dizaine de personnes qui attendaient, 2 peut-être 3 lui ont répondu. Les autres : silence, et comme je suis devenu un vrai con, je n’ai rien dit.
Je m’en suis voulu.
À mon tour de quitter ce labo, je dis "au revoir", avec insistance, à la méridionale, taux de réponse : 5 sur 10 !
Pays de merde et dire que je suis dedans, comme les autres.
Quel con je suis redevenu.
Ça m’énerve, je vais prendre un café, MERDE !
Une chose me manque dans la salle de kiné Putéolienne (résidante à Puteaux dans le 92 et non pas une pute près d’une éolienne : précision pour les Bourbonniens) : ce sont les amputés : putain il n’y en a pas dans cette salle !
Pas plus que des fauteuils roulants, rien, aucune attraction. Sauf que les patients Putéoliens (vous suivez) sont en bout de course, mais ils ont forts et me battent dans les exercices, ce qui me fait chier… Ici, tous me parlent avec l’accent, sauf mon kiné qui lui vient du sud-ouest près de Toulouse et me dit se plaire à Paris. Ils sont cons ces jeunes, il verra plus tard.
Retour à la maison, première rencontre avec ma femme de ménage… après 5 mois d’absence.
Je prends un café avec elle. Ça commence à m’énerver, je suis un peu tendu.

Elle est bavarde mais elle est efficace. Elle vit toujours dans les tours HLM (qu'on appelle Tours Nuages) et je me souviens qu’elle n’aimait pas aller chez le dentiste (« au » dentiste dirait-elle).
Elle a sourit … Elle n’aime toujours pas le dentiste.
Mais elle est sympa, car je n’ai toujours pas rangé mes affaires de mon séjour en Bourbonnie, mon bureau est un immense dépôt. Un peu comme si je n’avais pas encore envie de m’installer.
Connard, je vais me faire un café pour réfléchir.

Vous me direz, amendonné, il faut savoir faire fi de ce passé morne pour lui donner, après ce stage hospitalier, une nouvelle splendeur. Ok, je commence mal, mais je vais me rattraper. Je suis libre, j'ai (enfin ALX) coupé mon cordon !
Enculé.
Pardon ça m’a échappé. C’est le café qui m'énerve.
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