On est quel jour ? #28
"En Bourbonnie, le père Noël est une femme"
Cher Père Noël
Éclaire-nous par ton arrivée majestueuse car la clinique de la Bourbonne n’a pas payé son électricité et nous avons vécu une série de micro-coupures interminables. Le bâtiment « clignote » et le cerveau "disjoncte"… surtout en regardant la télévision française et l’annonce de du nouveau gouvernement de vieux.
(je recommence)
Très très cher Père Noël :
Je sais que ton grand, grand, grand-père était turc.
Je suis tombé sur le cul.
Il était généreux avec les enfants et les plus défavorisés.
Son prénom était Nicolas et ses reliques sont à Bari en Italie.
Les hollandais se sont emparés de l'image de ton pépé, en fêtant "Saint Nicolas" et en l’exportant, plus tard, dans la Nouvelle Amsterdam qui s’appelle aujourd’hui New-York.
Son image, au fil des années, est devenue un personnage, un peu gras, mais souriant avec des vêtements verts.
Mais il a rencontré ce pharmacien qui vendait du « French wine coca » une boisson alcoolisé avec des feuilles de coca et de cola… pour soigner.
Le père Noël, à l’époque, s’est pris de ces cuitasses avec le vin français…sauf que le pharmacien a retiré le vin pour y ajouter du sucre… Et il en est devenu accro, moins bourré… quoi que… puisqu’il deviendra gros et rouge. Coca Cola est né.
En parallèle, les romains célèbrent le solstice d’hiver en offrant de la nourriture aux pauvres. Un beau jour, ils rencontrent le Père Noël et font une fête avec lui. Ils se sont déchirés et ont décidé alors d'ajouter à cette bamboula, la célébration de la naissance d’un petit bébé.
Comme si un enfant né le 24 décembre à 24H00 allait changer la face du monde ? Ils sont fous ces romains !
En Bourbonnie, c’est plus compliqué.
Le père Noël est en fait une femme à barbe.
Elle s’appelle Nicole et sa fête est célébrée le 6 décembre avec les Nicolas.
Sainte Nicole offrait ses faveurs et présents aux seniors, puis elle a élargi son champs d’actions à tous !
Le peuple, heureux, décide alors de l’appeler "Mère Noëlle" et de lui faire la fête tous les 25 décembre.
Au delà de ses présents, la Mère Noëlle instaura aussi pour les feignasses, un jour férié : le 26 décembre.
« Ô Bagne » s’écria alors Jacquouille la Fripouille de Bourbonnie : « ne viendez pas chté nous, le 26 décembre : on est fermois »
À l’époque, en Provence, on mettait beaucoup de temps à voyager de ville en ville.
Les travailleurs rejoignant leur village à Noël pour le 25 n'avaient pas le temps de rentrer travailler à la ville pour le 26... Donc le 26 est devenu férié.
De nos jours, même avec nos moyens de locomotions modernes cette tradition se perpétue : Le 26 c’est férié (comme en Alsace ou en Moselle) et pi cé tout.
À la clinique, l’accueil sera fermé et il faut au minimum 3 kiné pas plus, mais, heureusement quelques personnes sous astreintes sont là pour ne pas mourir seul dans notre geôle.
En tous cas, à la mairie : c’est tout fermé.
C'est pas fini, mais déjà :
Joyeux Noël à tous les amis, résidents, personnels, équipes médicales… et surtout aux patients internés en ce 24 décembre 24.
En attendant, en Bourbonnie
Hier, en salle de kiné, c’était désert : où sont passés les patients ? « Il y a plus de kiné que de patients » souligne un patient, dont le but était de marcher tout autour de l’espace des tables de kiné. Il tourne, tourne, tourne en rond, comme s’il n’avait qu’une seule jambe ! (Oh merde c’est le cas).
Ce soir, avec les patients qui restent à la clinique, on va se faire chier… mais chier… jusqu’à l’arrivée de la Mère Noëlle. Si elle vient… avec ma hanche en cadeau, et ce qui avec : l’art de marcher droit, tout seul ! C'est gagné !
Je ne peux pas dire que j’ai des souvenirs de Noël en étant enfant, avec toute ma famille.
Plus tard, c’est vrai qu’on a passé du bon temps ensemble, mais on était trop grands pour avoir des cadeaux dans la magie de l’instant.
Puis, ce qui restait de la famille a explosé (ou implosé).
Ce soir, je vais vivre un réveillon unique.
Unique... Un peu comme mon rêve avec mon père… mon papa…
C’était la nuit dernière.
On était là, dans un appartement lugubre.
Les carreaux des vitres étaient brisés.
À l’intérieur : 2 chats, 2 chiens, de la poussière et de la crasse partout.
Je discutais, amorphe, avec mon frère, avec un verre de whisky à la main, il était 11h du matin.
Mon père était là. Il ne participait pas à la discussion, mais il nous écoutait sans broncher…
Discret, comme il l’a toujours été.
Il nous avait d’ailleurs souvent dit qu’en tant d’immigrés espagnols, nous ne devions pas nous faire remarquer en société.
Et pourtant, j’ai fait de la radio et de la télévision, mon métier.
Dans cet appartement crasseux, je ne sais pas pourquoi soudain un élan nous pousse, mon frère et moi, à tout reprendre en main.
Nous entreprenons, tous les deux, un grand nettoyage de l’appartement, un peu comme s’il s’agissait de chasser le mauvais passé incrusté dans cette poussière grise…
Et tout y passe dans l’appartement.
Objectif : faire place neuve.
Les animaux nous regardaient intrigués, voire apeurés… Ils avaient peur du changement, comme nous d’ailleurs.
Pourquoi avoir attendu autant avant de faire le ménage ?
Le renouveau et le propre font place nette.
Une nouvelle vie s’annonce ? Oui.
Je fais une pause pour boire un café, sans whisky, avec de mon papa. C’est alors que je le prends dans la mes bras pour l’embrasser.
J’ai rêvé de mon père. Il aurait eu 100 ans cette année.
Joyeux Papa !
Bon réveillon à tous !
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