On est quel jour ? #33
*****Attention gros mots*****
Mais ça fait du bien pour un lundi…
« Ça fait du bien de voir des gens normaux ! » me dit une patiente qui, comme moi, rentrait d’un déjeuner à l’extérieur.
Elle, amputée de la jambe et du bras, a trouvé « plaisant » de revoir des gens normaux, qui ont tout… partout… et qui ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont.
Je dois avouer que j’aimé cette inversion anatomique.
Et cette situation, aisée pour un cerveau inversé, comme le mien, m’a curieusement rappelé un film de 1946 (j’adore les vieux films bien kitch) qui s’appelle en français « la belle vie » (It's a Wonderful Life de Frank Capra qui a été bide commercial à sa sortie) dans lequel, un homme aux abois, un entrepreneur, veut se suicider, mais voici qu’un ange gardien (sans aile) vient lui prêter main forte.
L’entrepreneur, au bout de sa vie, avec ses problèmes d’argent dit à l’ange : « si seulement je n’avais pas existé ».
« Ni une, ni deux » lui dit l’ange. « abracadabra : tu n’existes plus !».
Et là, ça devient interessant, car n’existant plus, notre héros parcours sa ville et personne ne le connait - normal il n’existe pas - même sa femme avec ses deux enfants qui est, en fait, dans une vie sans lui, devenue une vielle fille, sans enfants.
Son bar préféré ? Il se fait jeter car personne ne le connait, même pas ses amis proches…
Finalement l’histoire finit bien (merde, je spolie) car il récupère de l’argent, auprès de ses amis, pour sauver son entreprise et le final nous dit que « N’est pas un bon à rien, celui qui a des amis ! ».
Cette séquence démontre de manière originale, l’importance de ce que nous sommes ici-bas.
Sans nous, ce ne serait pas pareil et le monde tournerait autrement.
Mais, si nous sommes là, c’est que nous avons notre place : Normaux ou anormaux, nous avons tous besoin finalement l’un de l’autre…
Imaginez votre vie, sans vous… tout en étant présent ?
Sur Radio Pirate de Bourbonnie, il y a la chanson de la Colombienne Maia qui en espagnol, entre latino et rap, nous dit qu’il faut avancer…
Je vous traduis un extrait, le doigt dans le nez :
[Dans la vie] Il faut être prêt à tout
Parce que la vie vaut le coup
Et même si tu tombes ou glisses
L'important est que tu te lèves…
Personne ne t'avait dit que ce serait facile
Parce que ce qui est facile, s'en va
…
Chaque rêve, chaque objectif
Ils sont possibles si vous prenez le risque
Ne t'arrête pas, ne t'arrête pas
Avançons tous
Je trouve que ces quelques paroles ont beaucoup de sens ici.
J’avais envie de les partager, car je fais ce que je veux, c’est moi qui écrit.... Merde.
… (Pa Lante - Maia)
La radio, nous parle aussi, dans son flash, de la chapelle Rue Bourbon en Bourbonnie.
Abandonnée depuis plusieurs dizaines d’années, la chapelle ressemble aujourd’hui à une maison hantée, perdue dans les bois.
On se demande à qui appartient cette chapelle perdue située à 200m de la clinique de Bourbonnie ?
Quand a-t-elle été construite et pour quelle finalité ?
Avec le camarade Gégé, nous y sommes allés.
Imaginez deux boiteux à l’assaut d’une chapelle perdue.
Nous avons grimpé l’improbable côte pour enfin accéder dans l’antre de ce lieu religieux. Dieu nous a aidé.
À l’extérieur, la cloche est restée, la porte principale a été condamnée, mais sur le coté, une porte en fer forgée dont la serrure se résume à un ruban accroché à un clou….
À l’intérieur… « alleluia » : le temps s’est arrêté !
Le plafond est victime des intempéries, mais le reste est propre. Le sol balayé, les bancs des fidèles en place, l’autel est décoré, l’office pourrait presque commencer.
Mais ce dimanche, comme les autres jours d’ailleurs, il n’y aura pas de pèlerins, pas de prêtre, pas d’office.
Tant pis.
Mais que se cache-t-il derrière cette chapelle ?
Les supputations vont bon train.
L'autel prêt à l'emploi, même si la croix a disparu.
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« Avançons tous ! » reprend l’animateur de la RPB qui rajoute :« cette semaine, beaucoup de patients ont fait le choix d’aller vers leur nouvelle vie dehors !
Certains, sans pied, sont partis au volant de leur propre voiture, d’autres, une fois arrivés chez, ont fait, pour l'un d'entre eux, une fête en bonne et du forme… « spéciale années 80 ».
Beaucoup partent demain, comme moi qui suis transféré à la Timone, Principauté de Timonie…
En attendant de nouveaux arrivants, qui devraient, semble-t-il, faire baisser la moyenne d’âge, ici.
Hier soir, le cercle des poètes disparus est apparu sur la terrasse (the place to be de la clinique).
Conversant en vers, je note que les jeunes (il y en a trois) sont encore plus malpolis que moi, à moins, que les gros mots soient une forme de ponctuation ou... peut-être qu’ils soient victimes du syndrome de Gilles de la Tourette.
Exemple :
« Je suis poli, moi. Enculé » => Ce dernier mot grossier marque un point final.
Et puis, comment se dire « Bonjour » entre deux garçons :
Ça va (puis… à vous de choisir) :
- Frérot
- Frère
- Mon Frère
- Ma couille
- Enculé (peut aussi être utilisé comme une salutation)
- Petit ou gros P_
- Fils de p_
- Connard
- P__e
Et l’autre nase qui me dit en même temps : "ma grand-mère c’est Jennifer Lopez…"
Et le Greg de lui demander : quelle est ta date limite ?
Vivement la fin du cercle…
« Enculé »
Nous avons cherché, cherché... comme des malades que nous sommes... et pas de nouvelles sur notre chapelle abandonnée.
Ce qui est sûr, c’est que notre clinique tout proche, aurait vu le jour, dans son architecture actuelle, fortement rénovée depuis, en 1959.
La famille Chaptal l’a vendu à la Générale de Santé en 2004, Générale de Santé rachetée depuis, par le groupe Ramsay.
Cette même famille Chaptal aurait, je dis bien « aurait », créer un centre hospitalier, après le départ des allemands de leur château. Ils ont récupéré leur bien pour en faire un hôpital et un asile de nuit.
Ce château est aujourd’hui une maison de retraite.
Ce n’est pas le cas chez nous, à la clinique, où il y des estropiés et des fous et aussi des vieux.
Donc, une chapelle pour estropiés, fous et vieux n’a rien d’exceptionnel.
Et si cette chapelle, fondée en 1902, Rue Bourbon, en Bourbonnie, était hantée ?
Construite sur un cimetière (allez savoir) la mère faucheuse de la chapelle vient faire ses emplettes chez les vieux d’à coté où une mamie a déjà disparu. Et peut-être un jour chez nous...
La nuit, rien ne bouge mais les murs tremblent.
D’autres esprits éclairés nous ont parlé d’une chapelle qui cachait une distillerie clandestine en période de prohibition au début du 20è siècle.
En fait, la Bourbonnie avait créé, bien avant les autres, le « dry january », qui avait lieu chaque année en avril.
Un mois sans alcool avait suffit pour que le peuple se révolte.
On se souvient des cochers, toujours bourrés au volant de leur charrette allant à hue et dia, (de droite à gauche) même si "hue" pouvait aussi signifier au cheval d’aller tout droit.
On ne compte plus le nombre d’accidents sans alcool.
L’hypoglycémie générale est déclarée en quelques jours.
Les distilleries clandestines voient le jour.
Ici, le vin de messe est remplacé par du bourbon, églises et chapelles sont pleines de pèlerins assoiffés, à tel point qu’il y eu jusqu’à six messes par jour dans certaines chapelles.
Du coup, la mafia s’en mêle, Al Cabonne de Bourbonnie s’enrichit grave.
Au gouvernement local, le nouveau Président Roseverte annule cette interdiction, pour taxer l’alcool.
Les pèlerins n’iront plus à la messe.
Rue Bourbon,
Rue déserte, Dernière cigarette
Chapelle déserte…
Et… Au fait comment s’appelle cette chapelle ?
Question posée à une habitante : « eh bien : c’est la Chapelle de la Clinique ».
Quoi ?
Quelle menteuse cette Auba. Niaise
Je vais bien, putain de con, j’ai une patate et je vais trouver le nom de cette putain de chapelle…
...Enculé
Bon lundi à tous !
Demain je plie mes bagages. Je pars
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