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Photo du rédacteurMichel Picot

La sincérité guérit-elle ?

On est quel jour ? #29


- Tu as pris tes cachets ce matin ?

- Quoi ?

- Je te dis : tu as pris tes cachets ?

- Quoi ? Si je peux marcher ? Oui, tu le vois bien.

- JE TE DEMANDE SI TU AS PRIS TES CACHETS ? METS TON APPAREIL EN MARCHE ! c’est pénible à la fin…

Monsieur ne la ramène plus devant Madame.

Il boude, elle peste.


À eux deux, ils ont presque 200 ans.

Finalement, ils sortiront de l’hôpital de la Timone, main dans la main, en amoureux de toujours...

"C’est beau l’amour, à qui l’entend."

"C’est tellement rien d’y croire."

"Un geste simple qui en dit long."

La sincérité guérit. Je commence à y croire.


Pour moi, la sincérité ne signifie pas la vérité tout prix ! Je parle d’authenticité, de bonne foi, d’honnêteté... dans les paroles et les actes.

Pourtant, ici, dans notre maison en Bourbonnie, j’ai l’impression que la sincérité n’était pas là à Noël, souvent à juste titre. Car je comprends qu’il soit difficile de parler ouvertement, un soir de réveillon. C’est certainement aussi difficile que d’avaler une buche à deux sous, appelée : « étouffe chrétien ».

- Tu restes ici pour le réveillon ?

- Oui, je vais rester au calme dans ma chambre.

- Mais ta famille ne vient pas te chercher ?

- Je préfère rester ici, tranquille.

En creusant un peu, certaines langues m’ont expliqué pourquoi :

- Il n’y a pas de quoi coucher chez mes parents et le fauteuil roulant ne rentre dans leur maison.

- Je ne veux pas déranger…

JE NE VEUX PAS DÉRANGER : quelles paroles terribles, et pourtant en dehors de la période de Noël, je pense que beaucoup de patients (moi même aussi, certainement un peu) avons le sentiment de gêner, d’être lourd, ne pas oser demander… d’être « moins bien » que les autres valides.

D’où cet enfermement sur soi-même.

Je comprends mieux cette peur de sortir et vivre dehors, dans l’autre monde, celui auquel on appartenait avant.


Ici, il vaut mieux avoir le moral et la pêche, sincèrement, honnêtement, car je le pense, et je le redis : « la sincérité guérit. »


 

Et pendant ce temps...

Sur Radio Pirate de Bourbonnie RPB (radio anonyme… un peu radio corbeau d’ailleurs ) on apprend qu’un patient est sorti le soir de Noël, a totalement craqué et refusé de revenir le lendemain, dans sa geôle Au Bagne. Il pleurait pour ne pas revenir...


Toujours selon RPB, un résident en permission s’est cassé la gueule dans une colline.

Provençal, dans toute sa splendeur, il nous disait fièrement sur un réseau qu’il était capable, avec sa prothèse, de gravir le Garlaban ou presque, mais Il s’est rétamé en beauté comme une m…., la gueule dans le thym, ce qui lui a fait penser à ce célèbre proverbe provençal : “Le cul du berger sentira toujours le thym.”


 

Noël est passé.

Hier, 26 décembre la clinique était en mode « jour férié », ce qui a étonné les Marseillais qui sont les voisins de la Bourbonnie : « Koooiiiii, c’est férié chez eux : qué feignasses ces Bourbonniens »


Ils étaient estomaqués car ils détestent autant les Bourbonniens que les Aquisextains* ou les Parisiens.


Je l’ai constaté, car je suis allé faire un retour aux sources : La Timone et l’IHU de Marseille.

Pour une fois, on ne s’est pas piétiné dans l’établissement…

Ici, c’était peut-être aussi férié, mais : chut … On ne le dit pas, fada !

Sur place, je me suis assis sur le même banc qu'Ahmed, il y a 6 mois. Je l’avais croisé quelques minutes après le décès de sa Maman. Ahmed : « j’ai toujours tes 15 euros » (histoire complète ici : https://www.michelpicot.net/post/15-euros


 

En Bourbonnie…

Les patients étaient en mode « jour férié » aussi, car bon nombre d’entre eux ont fait la kiné buissonnière et comme le disait Fifi : "ce sont les quelques patients qui poussaient les kinés - bien présents eux - sur un fauteuil roulant prêté"

L’accueil était fermé, pas d’entrée et pas d’annonce sur haut parleur :« une entrée pour le C2 ! » : Tais toi !

En fait, ici, en période de fêtes, il y a peu d’entrées, mais ils viendront après les fêtes, lorsqu’ils seront passés sur le billard d'un des hôpitaux voisins en pleine fêtes de fin d’année, après un accident, souvent stupide.


 

À la télévision sur BT2 : C’était « la cuisse ou l’aile ». Un film sur la bonne bouffe et le combat entre un guide gastronomique « Micheline de Bourbonnie » et les restos d’autoroute « Sodexel ».

Puis, ils ont fait un zoom sur le chef cuisto de cette maison qui est, souvent, meilleur le midi que le soir. Mais c'est bon.

Hier soir la pizza du chef était très bonne, elle m’a été servie par une jeune femme vêtue de blanc qui me dit entrant dans la chambre : « Ce soir : c’est pizza en Bourbonnie ! ».

Là, je crois que non seulement, ils m’ont trouvé, repéré et connaissent le n° de ma geôle. "Vous êtes trop bonne" lui-ai je répondu par peur d’un stage forcé au cachot.


 

En attendant :

Voici une main bionique, bien meilleure que celle de « l’homme qui valait trois milliards ».

C’est un bijou de technologie qui est là sous mes yeux. Connecté aux muscles du bras, cette dernière répond au doigt et à l’oeil. J’ai même eu le plaisir de serrer cette main de fer.

L’heureux propriétaire (vous pouvez le reconnaitre avec une partie de son bras en moins) était ravi de la démonstration de cette « chose » mécanique étonnante.

« Que peut-on m'ordonner que mon bras n’accomplisse » selon Corneille dans le Cid.

Ni une, ni deux : « Je vais lui demander de faire un doigt d’honneur ».

La « chose » refuse plusieurs fois.

« Va niquer ta mère » lance-t-il à sa main tétanisée.


« De toute façon, tout s’arrange, tantôt mal, tantôt bien, mais cela s’arrange ».

(Y Audouard - les Nouveaux Contes de ma Provence)


*Aquisextain = habitant ou originaire d'Aix en Provence

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