On s'était dit rendez-vous le 29 janvier 2025...

On est quel jour ? #17

Mon samedi a duré 48 heures, à lui seul. Dimanche a été un peu plus court.

En Bourbonnie, nous n’avons pas la même notion du temps qu’en France. Ici c’est plus long.

Justement en parlant de la France, la chaine publique d’info continue a invité, sur son plateau, la mère d’un des charpentiers ayant travaillé sur le chantier de Notre Dame. Un témoignage sans langue de bois, pour ne rien dire, inutile et sans intérêt... C'est ce que l’on appelle du « remplissage d’antenne » dans le jargon TV.

Ici sur BTV2, la chaine de référence en Bourbonnie : pas de remplissage ! La chaine a diffusé samedi, en direct, la messe à depuis Notre Dame de la Bourbonne, avec un moment fort : l’ouverture des portes, par le curé, aux quelques pèlerins inconnus qui attendaient, dehors, dans le froid.

À l’intérieur, on n’a pas bénit l’orgue à coup de morceaux qu’un enfant, sur son Bontempi, aurait pu nous jouer, une cacophonie avant d’enfin, se réveiller (l'orgue)!

Heureusement, il n’y pas d’orgue à Notre Dame de la Bourbonne, pas plus que de cathèdre d'ailleurs.

Ah, j'allais oublier, nous vivons un « boum » dans le PAB (paysage audiovisuel de Bourbonnie) puisque le groupe BTV a décidé de retirer de la TNT ses 4 chaines :

• B. Quille (la chaîne des boiteux et des amputés et qui a déjà diffusé le film à succès : « un truc en moins » )

• B. Rocca (pour les fatigués permanents : les feignasses qui passent leur journée devant la TV)

• B. Mol (Musique) et B. Zable (pour publics obsédés).

Tout le monde est ému, même si personne ne regardait ces chaines.

Quand à moi, on m’a coupé, une nouvelle fois la TV ce soir. Je ne regarde plus rien. Cet antre hospitalier semble être hanté.

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Et pendant ce temps là… En Bourbonnie, le pays merveilleux de la Clinique Provence Bourbonne à Aubagne.

Vendredi : c’est Docteurs dans ma chambre !

Cela fait partie de mes rituels.

MP : « Docteur : comme se porte mon infection de la jambe gauche ? »

Docteur : « Elle a pratiquement disparu. »

MP : « Donc mon traitement à 10 antibiotiques par jour va s’arrêter bientôt ? »

Docteur : « Son arrêt est prévu le 29 janvier 2025 »

MP : « Quoi ? Autant ? Mais cela peut reporter mon opération pour la pose d’une vraie prothèse hanche pour la remplacer la provisoire ? »

Docteur : « C’est le chirurgien qui décide, mais autant vous le dire, en général il n’aime pas opérer un patient sous traitement »

Et que se passera-il ?

Donc, une ré-opération après le 29 janvier + 1 mois de rééducation derrière, je vous reverrai pour le printemps 2025 ?

Les bras m'en sont tombés...

A ce moment là, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ce proverbe arabe : « Un médecin n’est pas un bon médecin, s’il n’a pas été lui même malade »…

Mon Docteur s’est-il mis dans ma peau ? Je ne le crois pas. Pour lui, c’est une date comme une autre. Pour moi, c’est un internement prolongé sous médoc.

Michel (pas moi) un ancien patient m’avait expliqué, lorsque je suis arrivé ici, qu’il ne fallait surtout pas se projeter dans l’avenir : « Il y a aura toujours une prolongation de 3 semaines / 1 mois. Commence pas à te projeter : tu risques d’être déçu »

Et là, je suis déçu et miné.

Que vais-je devenir si l’on me colle encore 3 mois dans la vue ?

Vais-je devenir un personnage virtuel pour moi-même et pour les autres ?

Comment éviter désormais de douter de tout ?

Vais-je devenir : creux, sans âme et sans ambitions ?

Comme le disait Descartes dans son discours de la méthode :

Vous pensez n’avoir plus rien autour de vous, mais « il y a au moins une "chose" qui est absolument certaine : en doutant de tout, je suis en train de penser. Et en pensant, j’existe… en tant que chose qui pense. C’est un bon point de départ, absolument indubitable, pour reconstruire à partir de lui, tout le savoir

sur mon corps et tout ce qui l’entoure. »

« Je pense donc je suis » (encore dans ce monde ?)

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Toujours en Bourbonnie :

J’ai « radio » ce lundi matin, trop content d’y aller.

Enfin je vais retrouver mon métier : la radio.

Peut-être sur RMB, Radio Mont et Bourbonnie ?

Finalement, le studio sera une table sur laquelle je m’allonge : Quoi ? De la radio, couché ? Où sont les micros ?

« Ne bougez plus » me dit-on gravement.

La lumière rouge s’allume, une caméra automatique s’avance sur moi et fait une blocage au niveau de la hanche.

Pas de générique, pas d'introduction, pas de jingle, pas de chanson : Rien… Juste un « clic clac » et l’émission est terminée.

Je n’ai eu le temps de tout dire au micro ! En fait, je n’ai rien dit.

Pour finir : Un patient AVC se trouve paralysé sur tout son coté gauche. Sa main est posée en permanence sur son ventre. Cela a suffit pour le surnommer Napoléon.

Tient c’est pas Napoléon qui a été sacré à Notre Dame ?

Les Français ont Napoléon, Notre Dame de Paris mais pas de gouvernement. Et si, il y a avait un coup d’état que l’on ferait approuvé par le peuple ensuite, puis on ferait le Sacrement. L’histoire se répèterait-elle ?

Je suis sûr que certains députés Français aimeraient ce scénario, selon BTV2, pas moi.

Ok, je pense trop.

« Je pense trop, donc je suis : trop ou top ? » (Choix 2 s’il vous plait)

Allez : Je retourne regarder la TV… pour penser, mais j'ai plus la TV !

Résultat : Je pense seul et "Si je pense, seul, donc je suis... là... demain !"