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Photo du rédacteurMichel Picot

Partie 2 : Mon arthrodèse et moi…

Dernière mise à jour : 7 déc. 2024


Que de chemin parcouru dans les couloirs des hôpitaux.

Ma première fois était en juin 2022.

Pour la première fois de ma vie, je rentre en tant que patient à l’hôpital.

Je me souviens y être entré un mercredi après-midi.

Aussitôt installé, les constantes : prise de sang, mesure de la tension artérielle, de la température et de l’oxygène avec ce dé à coudre que l’on pince sur le doigt.



Demain matin, je serai opéré. J’ai peur. Je ne dois plus manger, ni boire après 20H.

Je dois me doucher à la Bétadine rouge cheveux compris. L’heure du coucher arrive avant le rendez-vous fatidique fixé demain à 9h. À cette époque là, je ne pouvais plus marcher, ni me coucher. Je dors alors sur le fauteuil installé près du lit. J’y passe la nuit en écoutant en boucle New Order : « Bizarre love triangle » (curieux non ?) 


Jour J : j’ai peur, je suis là, tout nu, tout seul et j’attends mon sort.


Les brancardiers arrivent et mon coeur de battre ne s'est pas arrêté.

Mais je fais mon fier, je tente de m’allonger sur le brancard, jambe pliée et hop c’est parti !


Longs couloirs à parcourir, attente interminable aux ascenseurs de la Timone (faudrait améliorer ça) et me voilà, quelques minutes plus tard, en attente dans ce « garage » où les brancards sont garés en épi.


Tous (ou presque) passeront ensuite dans la salle où tout s’arrête. Me voici donc dans un petit espace où l’on s’affaire autour de moi en installant des tuyaux sur ce que j’appelle une multiprise dans mon bras : une seule piqûre dans le bras et plusieurs sorties (ou entrées) dans le corps pour y brancher pleins de tuyaux.


Je suis allongé (ou presque) et on me parle, mais je ne comprends rien (ou plutôt je n’entends rien) et tout à coup, on me pose un masque à oxygène (?) en même temps que l’anesthésiant. Et hop, c’est parti pour l’AG (anesthésie générale).


Je dors profondément parait-il. Moi je ne m’aperçois de rien. J’imagine donc que je suis parti sur le billard sur le ventre. Et c’est parti pour 4h. Avant le réveil « Michel : il faut se réveiller maintenant »… 

Les yeux collés, l’esprit ailleurs, accaparé par ce brancard dans l’incapacité de bouger… Mais me revoilà dans le vrai monde. 


Je ne sais pas ce qui s’est passé dans mon corps, je vois juste une série de tuyaux dont le fameux Drain de Redon chargé d’aspirer tous les éléments pourris dans mon corps comme le pus. 


Je garderai le lit dans l’impossibilité de faire une toilette quotidienne, heureusement qu’il y a de l’aide, on ne vous laisse pas tomber.


Et puis, j’ai aussi arrêté de fumer durant 7 jours. Les douleurs post-opératoires sont mes nouvelles amies 24/24.


Aujourd’hui, mon coloc de cette chambre du 3e étage vient de partir, il était hongrois, on ne se parler pas, car je ne parle pas hongrois, lui ne parle ni français, ni anglais, ni espagnol et encore moins le valencien, dialecte de la région de Valencia, langue de mon enfance qui n’est pratiquement plus parlée aujourd’hui.


Revenons à mon Hongrois qui s’en va, j’ai enfin une nuit, seul. Une seule nuit, car aux urgences, un jeune homme vient d’arriver. Il est tombé dans un trou en visitant un vieil abri construit pendant la guerre. Il a fait une chute de 3m, s’est cassé la cheville et voit s’envoler ses vacances en famille. Il était drôle et ne faisait que pisser dans son pistolet, mais surtout aimer lire ce qui n'a aucun lien me direz-vous.


D’ailleurs, vous avez déjà pissé dans un pistolet en position allongée ? C’est un défi, à moins d’être sérieusement équipé, et là, la longueur du sexe masculin a toute son importance. Bref. 


Parlons lecture. À ce moment là, je lisais « Changer l’eau des fleurs » de Valérie Perrin. Il aime aussi ce livre qu’il a déjà lu, tout comme son épouse que j’ai du appeler lorsque son mari est parti au bloc. Elle ne le savait pas.


L’aide soignante de passage s’interroge  sur mon livre : « je n’ai jamais lu ce livre, en même temps je n’ai pas de fleurs à arroser chez moi ».


Les journées sont longues. La douleur est là et il faut changer le pansement tous les deux jours. On m’explique enfin ce qu’est une arthrodèse lombaire, je retiendrais qu’il s’agit de plusieurs vis et une plaque métallique dans le dos. Désormais je sonne en passant dans tous les portiques de sécurité. 


J’ai attendu avec impatience je jour de ma sortie, pendant ce temps, j’ai alterné entre scanner, radio et tous les épisodes de « camping Paradis » sur TF1. 


Le jour J est arrivé. Mais avant de partir, on m’informe qu’une nouvelle intervention sera nécessaire pour changer ma hanche gauche, fortement esquintée par mes années de « boiture ».


On verra plus tard. Mais finalement 6 mois après : retour sur le billard pour une PTH (prothèse totale de hanche). Cela se passe à Paris, cette fois-ci. Ma prothèse s’est infectée, je suis donc de retour à l’hôpital, à Marseille cette fois-ci. 


Revenons à mon dos. Je dois rentrer, j’en suis heureux, mais ça va être compliquer. Mais je suis heureux car, enfin, je vais pouvoir dormir allonger et non plus assis sur un fauteuil. 


À La Timone, l’heure du départ a sonné : les brancardiers m’embarquent, on me sort de la chambre et on attend longuement devant les ascenseurs, je l’ai déjà dit mais bon…   et voilà mon premier voyage en ambulance pour rejoindre mon lieu de récupération à quelques kilomètres de là.


Ça tombe bien, mes hôtes sont pour l’un Chirurgien Professeur Agrégé et  pour l’autre : Infirmière et Cadre de Santé. Que demander de plus ?


Merci les amis. Je rembourserai ma dette, mais pas de suite : il ne me reste que les 15 euros d’Ahmed.  

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